samedi 8 novembre 2008

18. 1940 : l'armée allemande entre dans Paris

Mon travail de biographe de personnes inconnues du grand public se nourrit de deux possibles sources. Comme je l'ai expliqué sur mon site Votre biographie, la première est l'interview de l'intéressé, la seconde est un texte écrit par lui-même et que je dois corriger, réviser ou réécrire.

La plupart de mes clients ont vécu la Seconde Guerre mondiale. Quelquefois, ils ont été parmi les acteurs de certains événements historiques ; d'autres fois, qu'ils l'aient su ou non, ils en ont été très proches. C'est le cas que je vais évoquer sur cette page : celui de M. Michel P. qui, alors adolescent, résidait dans l'Oise.

Mais, que mes clients aient vécu ou non directement ces événements historiques, ils les relatent le plus souvent de façon très lapidaire, quelquefois pas du tout lorsque leur implication n'est pas directe.

Hormis la mise en forme, mon travail consiste donc également à relier l'histoire individuelle à l'histoire tout court, bien sûr avec l'accord de mon client. Par conséquent, il s'agit aussi d'un travail d'historien qui permet à une biographie d'accéder au statut de mémoires, tout au moins partiellement. A l'origine, la partie de l'autobiographie de M. Michel P. que j'ai relié à l'entrée des troupes allemandes dans Paris ne comportait que le premier alinéa suivant, soit seulement deux phrases :

« Finalement, nous sommes arrivés dans une ville proche de Paris dont je ne me souviens plus du nom. C’était d’ailleurs peut-être une banlieue, mais je n’en suis pas certain.

A cette époque, à Paris, s’est déroulé une série d’événements majeurs que je n’ai aussi appris que bien plus tard, après la guerre.

Du 8 au 13 juin, la ville s’est presque entièrement vidée de ses habitants. A compter de ces jours-là a commencé le fameux débat français : pour ou contre la poursuite de la guerre ? J’y reviendrai plus tard pour expliquer des événements bien familiaux cette fois.

Le 13, Paris a été déclaré « ville ouverte ». De ce jour aussi, tout combat y a été interdit. Par contre, le harcèlement des troupes allemandes s’est poursuivi en banlieue. Le 14 juin, les Allemands sont entrés dans Paris. A ce moment-là, la ligne de progression de leurs unités s’étirait de Provins à Rambouillet en passant par Corbeil, donc nettement au sud de la capitale. A 7 h 30 du matin, et sous menace de son bombardement, un cessez-le-feu a été signé autour de Paris. Tous les drapeaux français qui se trouvaient au fronton des édifices ont alors été saisis et immédiatement remplacés par des drapeaux à croix gammée. Le même jour, la parution des journaux a été interdite. Pour informer les rares Parisiens qui n'avaient pas encore fui, des voitures diffusaient un message par haut-parleur. Il commençait ainsi : « Les troupes allemandes occupent Paris… » Toute circulation y était désormais interdite entre 21 heures et 5 heures du matin. Le même jour, les Allemands ont mis Paris à l’heure de Berlin et les troupes ennemies ont aussi effectué leur premier défilé sur les Champs-Elysées. Dès lors, ils en ont fait un rituel quotidien, ceci afin de bien rappeler aux Parisiens qu’ils étaient occupés. Le 14 juin encore, le gouvernement français s’est installé à Bordeaux.

Au su des événements que je viens de relater, je crois avoir compris par la suite que nous sommes arrivés dans cette ville proche de Paris dont le nom m'échappe le 14 juin, juste avant que les Allemands ne franchissent les portes de la capitale...
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Votre biographie, ce peut être aussi le livre de vos mémoires de guerre


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